Une vie de meunier
Un même toit abrite la minoterie et l’habitation du meunier, dans un bâtiment à colombage qui ressemble, de l’extérieur, aux autres maisons traditionnelles du village si l’on excepte la roue et l’amenée d’eau. Disposées autour d’une cour, des dépendances séparées abritent une grange, une écurie qui existent encore, mais aussi un hangar aujourd’hui disparu qui protégeait une batteuse.
A une vingtaine de mètres du moulin, de l’autre côté de la rue, un foulon à chanvre a fonctionné (comme l’atteste le plan cadastral du XIXe siècle), en apportant un revenu d’appoint non négligeable. Le chanvre permettait de confectionner du fil, des tissus, des sacs ou des cordes.
Meunier-paysan
En réalité depuis des siècles, les générations successives ont mené une vie de meunier-paysan ; avec d’une part une activité classique d’agriculteur et d’autre part une spécialisation dans la minoterie. Le transport du grain ou des sacs de farine nécessitait de disposer de bêtes de somme (mulets ou chevaux) qu’il fallait abriter et nourrir; ce qui entraînait une activité agricole plus ou moins importante.
Coq de village ?
Les meuniers-paysans étaient à la fois intégrés dans la communauté villageoise, tout en occupant souvent une position de « coq de village », ayant une activité relativement bien lucrative. Ainsi le meunier Thiébaut Erhardt fut maire de Hundsbach de 1816 à 1821.
Toutefois cette position sociale plutôt enviable ne leur épargnait pas les conflits avec le voisinage, notamment avec la difficile question de l’utilisation de l’eau qui soulevait des conflits avec les agriculteurs riverains pour l’irrigation des prés. Ainsi en février 1849, le litige aboutit à un arbitrage de la préfecture du Haut-Rhin qui établissait un règlement hydraulique très précis avec une liste de travaux à effectuer dans un délai de six mois (cotes du barrage de prise d’eau, chenal, chute…). A noter que c’est surtout grâce à ces procès que l’historien peut retracer l’histoire des moulins…
Le dernier meunier, Victor Stoecklin, continua à concasser du grain pour le bétail jusqu’à son décès en 1925, malgré un affaissement de l’arrière du beffroi, son moulin étant signalé comme « hors service »dès 1912. L’activité du moulin s’arrêta définitivement en 1926 avec le décès de son fils Aloyse, des suites d’une grave blessure de guerre.
Source :
Les moulins du Sundgau, Les bassins de l’Ill et du Thalbach, Vol. 3, Marc Glotz et Guy Meyer, Société d’Histoire du Sundgau, Alsagraphic, 17/11/2000.